Elle, à ma gauche, avec un mélange de fierté, de triomphe et de pitié dans son regard.
Face à moi, mon groupe d’amis, curieux de connaître le dénouement.
L’inquiétude dans leurs regards trahit leurs soupçons : « Alors, comment ça s’est passé ? »
Le cœur brisé et me noyant dans la honte, je regardais le sol : « Ça va. Ça s’est bien passé. »
C’était au coin de la rue de notre école.
Elle et moi, nous revenions du parc où nous avions passé une heure sur un banc à discuter. Elle, c’est la fille dont j’étais amoureux depuis des mois.
Je venais de lui déclarer mon amour.
Quelle naïveté…
J’espérais que c’était réciproque et que, comme moi, elle n’osait pas exprimer ses sentiments.
Mais…
« J’ai des sentiments pour quelqu’un. Mais on peut rester amis, si tu veux. »
Ce quelqu’un, c’était un ami.
Grand, cheveux frisés, sourire radieux et veste en cuir.
Beau gosse.
Et bad boy, mais pas trop quand-même.
C’était ma première déclaration d’amour et mon rejet le plus pénible.
Ce jour, il y a 20 ans, j’ai décidé de ne plus jamais éprouver une telle souffrance.
J’ai échoué.
J’ai souffert encore de nombreuses fois.
Ce qui me bouleverse aujourd’hui est que des dizaines, des centaines, des milliers d’hommes ont le cœur brisé tous les jours.
Ces hommes n’ont pas 16 ans comme moi à l’époque.
Ce sont souvent des adultes !
Es-tu un de ces hommes ?